Les eaux mésoeutrophes abritent une végétation bien particulière. Plusieurs affluents (Bramerit, Troquant, Charenton entre Saintes et Cognac, près de Merpins…), où transite de l’eau méso-eutrophe courante sont colonisés par une végétations rivulaires pionnières sur vases ou sables à éxondation estivale.

L’habitat est typique des ruisseaux et petites rivières de plaine, de courant faible à moyen et aux eaux eutrophes, à pH neutre ou basique et teneur variable en nitrates. La variabilité est importante et dépend de divers facteurs écologiques dont les modalités génèrent des faciès végétaux assez distincts :

- l’éclairement : en situation éclairée, les phanérogames peuvent être abondantes avec mélange d’hydrophytes (plantes aquatiques) comme les callitriches et d’amphiphytes (plantes amphibies) ; dans les secteurs ombragés, les phanérogames régressent au profit des bryophytes ;

- le courant et la profondeur : en situation de ralentissement du courant, les hydrophytes flottants (lentilles, Azolla) ou faiblement enracinés (Cératophylle) peuvent prendre de l’importance ; dans les secteurs les moins profonds (seuils rocheux), les plantes amphibies - Ache nodiflore Apium nodiflorum, Myosotis des marais Myosotis scorpioides, Sagittaire Sagittaria sagittifolia, Berle à feuilles étroites Berula erecta - peuvent former des peuplements denses ;

- la qualité chimique des eaux : les herbiers à Callitriche à angles obtus Callitriche obtusangula caractérisent des situations médianes quant à la trophie des eaux (conditions méso-eutrophes à eutrophes) alors que l’apparition ou la prolifération du Potamot pectiné Potamogeton pectinatus signale un enrichissement excessif ;

- la température : en cas de ralentissement du courant, les eaux peuvent se réchauffer fortement en été et favoriser le développement de certains faciès à Azolla Azolla filiculoides ou lentilles d’eau.

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Si les formes eutrophes et, surtout, hypertrophes, de l’habitat sont assez répandues et tendent même à se développer avec la dégradation généralisée des milieux aquatiques, les faciès mésotrophes ou méso-eutrophes sont beaucoup plus rares. C’est dans de faciès de l’habitat que se développe le Petit Nénuphar Hydrocharis morsus-ranae, une espèce en régression spectaculaire au cours des 2 dernières décennies dans tous les marais arrière-littoraux charentais

Compte tenu de l’eutrophisation généralisée des eaux, d’origine agricole, la configuration type de l’habitat élémentaire est en nette régression partout. Dans ces conditions, la préservation des systèmes mésotrophes ou naturellement eutrophes devrait être prioritaire par rapport aux systèmes dégradés (eutrophisation ou hypertrophisation d’origine anthropique) en attendant que des mesures globales sur les causes de cette dégradation soient entreprises pour rétablir les conditions favorables à des formations plus complexes et plus intéressantes du point de vue de la biodiversité.

L'etat de conservation est assez satisfaisant pour le Bramerit. Les menaces de cet habitat sont la dégradation de la qualité de l'eau (eutrophisation) et la réduction de la dynamique de ce cours d'eau. La baisse des volumes d’eau circulant en été - du fait surtout des pompages agricoles - entraîne des dysfonctionnement plus ou moins graves qui altèrent l’habitat - réchauffement excessif des eaux, émersion estivale, assecs plus ou moins prolongés - alors que l’enrichissement des eaux (hypertrophisation) tend à appauvrir fortement la diversité des communautés végétales. L’envasement et la charge de matières en suspension peuvent aussi provoquer une régression des espèces caractéristiques.